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  • Dernière modification de la publication :16 juillet 2025

Principes
L’agroforesterie et les forets individuelles repose sur deux principes :
-l’interaction entre l’agriculture et l’élevage pour créer des synergies ;
-les forêts plantées à l’échelle d’une exploitation agricole à des fins commerciales, environnementales ou pour réhabiliter des sols dégradés (selon la FAO/WOCAT).

Pratiques


A- Qu’est-ce qu’une pépinière ?

  1. Description
    Une pépinière est une parcelle de terrain aménagée pour la multiplication et la culture de jeunes plants, principalement des plantes ligneuses (arbres fruitiers, forestiers, etc.), mais aussi des plantes vivaces. Les plantes y sont élevées jusqu’à ce qu’elles atteignent une taille et une vigueur suffisantes pour être transplantées ou commercialisées. Elle peut être utilisée en agriculture, sylviculture, arboriculture ou horticulture.
  2. Objectifs
    – Produire des plants fruitiers sains et vigoureux pour la mise en place de vergers ou l’embocagement des parcelles.
    – Disposer de porte-greffes de qualité pour des opérations de greffage.
    – Conditions d’utilisation Moyens et matériaux nécessaires : Terrain protégé avec accès à l’eau.
    – Sable, terre, compost ou fumier bien décomposé.
    – Semences de qualité (ou greffons selon le type de plants à produire).
    – Outillage : pots ou sachets, arrosoir, brouette, pelle, tamis, etc.
    – Matériaux de protection contre les animaux et les intempéries (clôture, ombrières…).
    – Critères de choix du site : Proximité d’un point d’eau.
    – Terrain plat et non inondable.
    – Proximité de l’habitat pour faciliter la surveillance.
    – Bonne accessibilité pour l’approvisionnement et l’évacuation.
    – Protection contre le soleil et la divagation des animaux.
  3. Étapes de mise en œuvre
    ➤Préparation du site
    – Désherber, aplanir, éventuellement drainer.
    – Installer des protections : clôtures, haies vives, ombrage.
    ➤Aménagement des planches
    – Dimensions : 1 m x 3 à 6 m, creusées de 5 à 10 cm.
    – Orientation face au vent dominant.
    – Allées de 50 cm à 1 m entre les planches.
    – Paillage possible des planches et allées.
    ➤Préparation du substrat
    – Mélange : 2/3 sable et terre fine (50/50) pour la structure et le drainage; 1/3 fumier ou compost bien décomposé pour la nutrition.
    – Laisser le tas à l’ombre 2 à 3 jours, humidifier régulièrement.
    ➤Remplissage des pots
    – Pots opaques, percés (6 à 8 trous).
    – Remplir à ras bord, sans plis, tasser légèrement.
    ➤Disposition des pots
    Alignés et serrés : 500 à 1 000 pots par planche.
    ➤Arrosage initial
    – Maintenir la terre humide, sans excès.
    ➤Semis
    – Petites graines (< 0,5 cm) : 3 à 4 graines/pot, enterrées à 1 cm.
    – Grosses graines (> 0,5 cm) : 1 graine/pot, enterrée à 3 cm, verticalement.
    – Exemple de petites graines : goyavier, grenadier, agrumes.
    – Exemple de grosses graines : manguier, avocatier, safoutier.
    – Après semis, reboucher, puis arroser abondamment avec un arrosoir à pomme fine.
    ➤Germoirs (cas spécifique du manguier)
    – Planche de 1 à 2 m², profondeur 10-15 cm, à l’ombre.
    – Déposer les graines verticalement, recouvrir de 3 cm de sable blanc.
    – Arroser régulièrement, repiquer dès les premières pousses (1 à 2 cm).
  4. Entretien
    – Arrosage : 2 fois par jour (matin et soir) avec pomme fine.
    – Paillage des pots avant levée, à retirer dès 1 cm de hauteur.
    – Désherbage régulier des pots et allées.
    – Démariage : conserver 1 plant vigoureux/pot ; repiquer les excédents.
    – Binage : gratter la surface pour éviter la croûte.
    – Cernage : soulever les pots tous les 15 jours si les racines sortent.
    – Taille : élaguer les branches en excès.
    – Regroupement par taille pour éviter la concurrence entre plants.
  5. Avantages
    – Production de plants sains et robustes.
    – Maîtrise des conditions de croissance (arrosage, substrat, lumière).
    – Facilite le greffage et la multiplication végétative.
    – Améliore les rendements futurs par l’utilisation de plants adaptés et vigoureux.
    – Optimisation de l’espace et de la gestion de production.
    – Possible toute l’année, selon les conditions d’aménagement.
  6. Inconvénients
    – Demande en main-d’œuvre et en suivi rigoureux.
    – Nécessité d’un approvisionnement régulier en eau.
    – Risques liés à une mauvaise gestion du substrat, arrosage ou ensoleillement.
    – Dépendance aux intrants : pots, outils, compost, etc.
    – Vulnérabilité aux attaques animales si mal protégé.

     

  7. Références
    AGRISUD International, 2020. Guide : L’agroécologie en pratique.

B- La Haie Vive

  1. Description
    La haie vive est une formation linéaire dense et continue constituée d’une ou de plusieurs lignes d’arbustes plantés autour d’un site dans le but de le protéger contre les animaux, de matérialiser les limites foncières, ou encore de freiner l’érosion. Cette structure végétale joue à la fois un rôle physique, écologique et social dans les zones agricoles et agro-pastorales.
  2. Objectifs-Protéger les jardins, vergers, champs contre la divagation des animaux.
    – Délimiter les propriétés agricoles : champs, couloirs de passage, parcelles.
    – Lutter contre l’érosion éolienne et hydrique.
    – Réduire les impacts de la coupe abusive du bois.
    – Prévenir les conflits fonciers.
  3. Conditions d’utilisation
    – Zone sahélienne agropastorale avec pluviométrie comprise entre 300 et 600 mm.
    – Milieux nécessitant une délimitation ou une protection naturelle des cultures, plantations ou passages.
    – Adaptée aux zones agricoles, pastorales ou mixtes.
  4. Étapes de mise en œuvre
    – Production des plants en pépinière.
    – Matérialisation des lignes de plantation.
    – Préparation du sol et trouaison (avril – mai).
    – Transport des plants sur le site de plantation.
    – Plantation ou semis direct au début de la saison pluvieuse (juin – juillet).
  5. Caractéristiques techniques
    – Trous de plantation : Diamètre : 40 cm
    – Profondeur : 60 cm
    – Ecartement entre plants : 30 à 100 cm (en fonction des espèces) ;
    – Ecartement entre les lignes : 50 cm ;
    – Disposition : 1 à 3 rangées de plants en quinconce
  6. Caractéristiques des espèces forestières
    – Une aptitude à se développer en ligne et à forte densité ;
    – Une capacité de rejeter vigoureusement après coupes fréquentes ou répétées ;
    – Une propagation facile et rapide selon des techniques simples et accessibles au savoir-faire paysan ;
    – Une absence de toxicité vis à vis des cultures se trouvant à proximité ;
    – Une rusticité et une croissance initiale rapide ;
    – Une nature épineuse et/ou non appétée ;
    – Un port arbustif et capable de développer une ramification dense
    Système racinaire pivotant pour éviter la concurrence avec les cultures. Les espèces couramment utilisées en haies vives sont : Glricidia sepium, Bauhinia rufescens, Acacia laeta, Acacia nilotica, Acacia ataxacantha, Ziziphus mauritiana,
    Combretum aculeatum, Mimosa pigra, Lawsonia inermis, Jatropha curcas, Euphorbia balsamifera, Prosopis juliflora.
  7. Entretien
    – Protection contre les animaux (par haie morte ou gardiennage).
    – Regarnissage des plants morts ou affaiblis.
    – Réalisation régulière de soins sylvicoles (taille, désherbage, binage…).
    – Renforcement éventuel des structures de soutien (clôtures naturelles ou mixtes).
  8. Avantages
    -Réduction des pertes de récolte dues à la divagation des animaux ;
    -Protection contre le vol ;
    -Fourniture de bois énergie, de fruits ainsi que des aliments pour bétail ;
    -Ombrage pour les travailleurs et les animaux ;
    – Elément pacificateur d’intégration agro-pastorale ;
    -Marqueur des limites de parcelle (champ) ;
    -Frein à l’érosion éolienne ;
    -Réservoir de carbone (séquestration).
  9. Inconvénients/contraintes
    -Renforcement et entretien réguliers indispensables ;
    -Concurrence possible avec la culture en place ;
    -Pratique onéreuse si l’on achète les plants ;
    -Habitat pour les prédateurs des cultures ;
    -Occupation de l’espace de culture.
  10. Références
    – Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvopastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
    – Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG), 2012. Fiches techniques des bonnes pratiques en matière de gestion durable des terres, d’adaptation aux changements climatiques et de conservation de la diversité biologique dans les régions du plateau central, du centre nord, du nord et du sahel. Ouagadougou Burkina Faso. 113 p.

C- Bandes pare-feu

  1. Description
    L’ouverture des bandes pare-feu consiste à tracer des bandes de longueur variable et de 15 à 20 mètres de largeur orientées perpendiculairement à la direction du vent dominant de la saison sèche. Les bandes ainsi tracées sont débarrassées de toute végétation, souche et matière inflammable. Dans la zone traversée par des bandes pare-feu, le pâturage naturel est protégé contre les feux de brousse. Et en cas de feux, les bandes serviront de lignes d’attaque pour endiguer la propagation de
    l’incendie.

  2. Objectifs
    – Sauvegarder les ressources forestières et fourragères contre les feux de brousse ;
    – Lutter contre la dégradation des terres ;
    – Protéger les personnes et leurs biens ;
    – Protéger la biodiversité en arrêtant la propagation du feu ;
    – Sécuriser les aires pastorales et agropastorales.
  3. Conditions du milieu
    Les feux de brousse occasionnent annuellement la destruction d’importants stocks de fourrages naturels sur pied dans les zones pastorales et agropastorales. Ils provoquent aussi des dégâts sur la biodiversité animale et parfois sur l’homme.
    L’ouverture pare-feu vise à réduire ces pertes en protégeant des zones de pâturages bien définies. Ces bandes pare-feu sont habituellement exécutés par des engins (Bull Dozer, Niveleuses, etc.) et sont dits « mécaniques ». Mais depuis quelques années, on assiste à une exécution manuelle « pare-feu dits manuels » qui est l’œuvre des communautés désirant protéger leurs aires de pâturage et leurs animaux.
  4. Etapes de mise en œuvre
    – Identification des aires des pâturages : Pour les deux types de pare-feu, le choix des zones à protéger se fait en fin de saison de pluies. Le Ministère de l’Elevage à travers sa direction technique en charge de la question de façon participative avec les communautés, identifient les zones de fortes productions ≥ 600 KgMS/ha (60 kg de Matière Sèche par ha). Ces zones constituent généralement des zones propices à une propagation de feu lorsqu’il se déclenche.
    – Traçage des bandes pare-feu : Les traceurs formés à cet effet, définissent l’emplacement des bandes selon les normes en tenant compte de la direction des vents dominants qui soufflent généralement d’Est en Ouest. (Voir normes dans le tableau)
    – Labour des bandes pare-feu. Les populations locales utilisent les hilaires, des râteaux pour enlever les herbacées érigées, tout au long de l’espace délimité par le traceur
    – Ramassage des herbes labourées, cette activité est effectuée à l’aide des râteaux, les fourches. Ensuite des bottes sont constituées pour faciliter le transport de la paille vers les lieux de stockage à l’aide des charrettes. Au besoin un nettoyage des résidus issus des bandes labourées est nécessaire à l’aide de râteaux, de balai.
    – L’élagage des arbres et arbustes se trouvant sur les trajectoires des surfaces labourées à l’aide des coupes-coupes
    – Gestion de la paille stockée : Un comité de gestion de la paille est mis en place. Le fourrage ainsi stocké, contribue aussi bien à la sécurisation de l’alimentation du bétail en période de soudure qu’à l’amélioration des ressources financières des travailleurs impliqués.
  5. Entretiens
    – Formation des communautés de la mise en œuvre
    – Formation de brigadiers anti-feu
    – Des règles de gestion de la paille stockée définies de manière transparente, connues, comprises et acceptées par toute la communauté
  6. Avantages
    -Sécurisation de pâturages et de la biodiversité
    -Diminution des mouvements pour la quête de pâturage
    -Assure la disponibilité du fourrage
    -Création d’emplois temporaires
  7. Contraintes
    -Manque ou insuffisance de matériel et équipement
    -Insuffisance de la main d’œuvre en zone pastorale
    -Démarrage souvent tardif des activités
    -A long terme les bandes peuvent constitués des zones d’érosion ;
    -Souvent refus des communautés de participer au ramassage de la paille fauchée
  8. Références
    – Moussa Abdou, Tidjani A Didier, Ambouta Karimou, Faculté d’Agronomie, Université Abdou Moumouni, 2016. / Bande pare feu en milieu pastoral, pratique préventive de lutte contre les feux de brousse ;13 p.
    – MAG/EL, Direction du Développement pastoral, 2019. Fiche technique de bandes pare feu ; 3 p.
    – Cellule de Coordination aux Crises Alimentaires/DNPGCA, 2020. Note de cadrage d’ouverture des bandes pare feux. Niamey, 2020 10 p.