Principes
L’agroforesterie et les forets individuelles repose sur deux principes :
-l’interaction entre l’agriculture et l’élevage pour créer des synergies ;
-les forêts plantées à l’échelle d’une exploitation agricole à des fins commerciales, environnementales ou pour réhabiliter des sols dégradés (selon la FAO/WOCAT).
Pratiques
A- Qu’est-ce qu’une pépinière ?
En agriculture, sylviculture, arboriculture ou horticulture, une pépinière est un champ ou une parcelle de terre réservée à la multiplication des plantes ligneuses principalement mais aussi de plantes vivaces, et à leur culture jusqu’à ce qu’elles atteignent le stade où elles peuvent être transplantées ou commercialisées.
Objectifs de la TIA
✔ Produire des plants fruitiers sains et vigoureux pour les besoins de plantation de vergers ou d’embocagement des parcelles
✔ Disposer de porte-greffes de qualité.
Conditions de réalisation
La réalisation de la pépinière en arboriculture exige de :
✔ Disposer d’un terrain protégé avec un accès à l’eau
✔ Disposer de sable, de terre, de compost ou de fumier recyclé et de semences de qualité prêtes aux semis (production de pieds francs et de porte-greffes) ou de greffons (production de plants greffés)
✔ Disposer de l’outillage nécessaire pour la mise en place de la pépinière (pots ou sachets, arrosoir, brouette, pelle, tamis)
✔ Disposer de matériaux pour assurer la protection des jeunes plants (clôture…). Critères de choix de l’emplacement de la pépinière
L’emplacement de la pépinière est un lieu stratégique ; son choix devra satisfaire la
majorité des critères suivants
✔ Proximité d’un point d’eau (pour faciliter l’irrigation) ;
✔ Terrain plat et non inondable (Pour faciliter la gestion de l’espace, éviter les pertes liées à une inondation ;
✔ Proximité de l’habitat domestique (Faciliter la surveillance et l’entretien de la pépinière) ;
✔ Accessibilité (Faciliter l’approvisionnement de la pépinière en terre, sable, compost… ; Faciliter l’évacuation de la production) ;
✔ Protection contre le soleil (Éviter le dessèchement, la surconsommation d’eau et le stress hydrique des plants) ;
✔ Protection contre la divagation des animaux (Éviter la dégradation (voire la destruction) des plants).
Préparation du site
✔ Nettoyer et assainir : désherber et aplanir le terrain ; si besoin, mettre en place des drains d’évacuation des eaux de ruissellement.
✔ Protéger : assurer la protection du site contre les animaux et le vent (clôture, haie vive, palissade).
✔ Protéger de l’ensoleillement important : couverture naturelle (ombrage des arbres) ou artificielle (ombrières).
L’aménagement des planches
Les planches de pépinière peuvent être façonnées de la manière suivante :
✔ 1 m de large sur 3 à 6 m de long pour faciliter l’entretien ;
✔ Légèrement creusées (5 à 10 cm) pour la conservation de l’humidité et pour la stabilité des pots qui favorisent par la suite le bon port des plants ;
✔ Disposées pour que la largeur des planches soit face au vent dominant afin d’éviter le dessèchement des plants. Pour faciliter l’accès aux plants, laisser des allées de 50 cm à 1 m entre les planches :
Il est possible de pailler le fond et les côtés de la planche, pour protéger les pots, ainsi que les allées (pour empêcher la pousse des plantes adventices).
Préparation du substrat
Le substrat doit être homogène (bien mélangé) et de composition fine.
Pour préparer un bon substrat, deux principaux composants sont utilisés :
1-Un mélange de sable bien tamisé et de terre fine à parts égales (50/50), qui constitue les 2/3 du substrat. Ce mélange permet d’obtenir une structure meuble, favorisant le drainage de l’eau.
2-Du fumier recyclé ou du compost bien décomposé, qui représente 1/3 du substrat. Ce composant est essentiel pour assurer la rétention de l’humidité ainsi que des éléments nutritifs nécessaires à la croissance des plantes.
NB: Laisser le tas 2 à 3 jours à l’ombre et l’humidifier régulièrement jusqu’au remplissage des pots.
Le remplissage des pots
Les pots (ou sachets) doivent être :
✔ Opaques pour protéger les racines du soleil ;
✔ Percés dans leur partie inférieure (6 à 8 trous) afin de ne pas retenir l’excédent d’eau ;
✔ Adaptés au type de plants à produire (forme et dimension).
Pour s’assurer du bon port des pots (ou sachets) et limiter les dégâts lors de leur transport avant plantation :
✔ Les remplir à ras bord un à un ;
✔ Éviter les plis au niveau du plastique ;
✔ Tasser de temps en temps, au cours du remplissage, pour une homogénéité sur toute la hauteur du contenant (pot ou sachet).
La disposition
Pour optimiser l’espace et faciliter les comptages, une planche contient en général 500 à 1 000 pots dressés, serrés les uns contre les autres et bien alignés.
L’arrosage
Arroser les pots jusqu’au semis, la terre doit être humide mais pas détrempée.
Les semis
Avant semis, le pépiniériste devra disposer de semences de bonne qualité, prêtes à germer. La profondeur des semis est déterminée par la taille des graines :
1-Pour les petites graines (ayant un diamètre inférieur à 0,5 cm), il est recommandé de semer 3 à 4 graines par pot ou sachet, en les enterrant à une profondeur d’environ 1 cm, bien au centre du pot.
Des exemples de plantes à petites graines incluent : goyaviers, grenadiers et agrumes.
2-Pour les grosses graines (diamètre supérieur à 0,5 cm), on utilise une seule graine par pot ou sachet, placée à la verticale (avec la partie creuse orientée vers le bas) et enterrée à 3 cm de profondeur.
Parmi les plantes à grosses graines, on peut citer : manguiers, avocatiers et safoutiers.
Après semis, reboucher les poquets et arroser abondamment à l’arrosoir muni d’une pomme à perforations fines.
NB: Eviter de réaliser des semis en saison froide, la fraîcheur limiterait en effet le bon développement et la croissance des jeunes plants.
⮚ La technique des germoirs de manguiers :
Pour certaines graines à coque dure, comme celles des manguiers, dont la capacité de conservation est faible (l’amande est rapidement dégradée par oxydation), la technique des germoirs permet de conserver la graine et d’avoir des jeunes pousses
même après la période des mangues. Le germoir est une petite planche de 1 à 2 m2, profonde de 10 à 15 cm et placée à l’ombre.
Après dépulpage, les graines sont disposées (à la verticale, partie creuse en bas) en couches minces, puis recouvertes d’une couche de 3 cm de sable blanc. Comme pour le reste de la pépinière, il faut arroser les germoirs régulièrement pour conserver leur humidité.
Dès lors que les plants présentent des pousses de 1 à 2 cm, les transférer en pots. Il est aussi possible de les laisser grandir un peu plus et de les repiquer en terre au « stade brun » (couleur brune-dorée des feuilles – 40 jours).
L’entretien de la pépinière
– Arrosage : 2 fois par jour (matin et soir) à raison de 2 arrosoirs de 7 litres par centaine de pots ; pour ne pas abîmer les plants, utiliser une pomme d’arrosoir à perforations fines.
– Paillage : pailler les pots avant la levée (conservation de l’humidité et protection des jeunes pousses) ; retirer la paille dès que le plant sort à hauteur de 1 cm.
– Désherbage : désherber les pots et les allées pour éviter l’envahissement par les adventices.
– Démariage : enlever les plants en surnombre et ne conserver qu’un plant vigoureux au centre du pot ; dans certains cas, les plants démariés peuvent être utilisés pour regarnir les pots dans lesquels la germination n’aurait pas eu lieu.
– Binage : gratter dès que nécessaire la terre en surface des pots pour éviter la formation d’une croute imperméable et permettre à l’eau de s’infiltrer.
– Cernage : soulever les pots tous les 15 jours (dès que les racines sortent du pot) pour éviter l’enracinement des plants dans le sol ; si les racines ont traversé le plastique, les tailler avec une lame bien aiguisée.
– Taille : élaguer les plants qui ont développé des branches en surnombre.
– Regroupement des plants par taille et vigueur pour éviter que les plants les plus chétifs voient leur développement contrarié par la concurrence pour la lumière avec les plants les plus vigoureux.
Notons que la pépinière en pots peut également être appliquée pour la production de plants bouturés. Les plants peuvent alors être utilisés directement (ex. de la baie rose, photos ci-dessous) ou greffés (ex. de la vigne).
Référence
AGRISUD International, 2020. Guide : L’agroécologie en pratique.
B- La Haie Vive
Description
La haie vive est une formation linéaire dense et continue constituée d’une ou de plusieurs lignes d’arbustes autour du site à protéger contre les animaux et autres agressions.
Objectifs de la TIA
✔ Protéger le site (jardins, vergers, champs de culture etc..) contre la divagation des animaux ;
✔ Matérialiser les propriétés (champs, parcelles, couloirs de passage, etc.) ;
✔ Lutter contre l’érosion éolienne et hydrique ;
✔ Réduire l’impact de la coupe abusive ;
✔ Réduire les conflits fonciers.
Conditions du milieu
La haie vive est une pratique utilisée en zone sahélienne agropastorale (300 à 600 mm) pour protéger ou délimiter des périmètres des zones de culture, couloirs de passage, plantations etc.
Étapes de mise en œuvre
✔ Produire les plants en pépinière ;
✔ Matérialiser les lignes ;
✔ Préparer le sol et effectuer la trouaison (en avril – mai) ;
✔ Transporter les plants sur les sites ;
✔ Réaliser la plantation ou effectuer le semis direct en début de saison pluvieuse (juin – juillet).
Caractéristiques techniques
✔ Trous de plantation : Diamètre : 40 cm
✔ Profondeur : 60 cm
✔ Ecartement entre plants : 30 à 100 cm (en fonction des espèces) ;
✔ Ecartement entre les lignes : 50 cm ;
✔ Disposition : 1 à 3 rangées de plants en quinconce
Caractéristiques des espèces forestières
✔ Une aptitude à se développer en ligne et à forte densité ;
✔ Une capacité de rejeter vigoureusement après coupes fréquentes ou répétées ;
✔ Une propagation facile et rapide selon des techniques simples et accessibles au savoir-faire paysan ;
✔ Une absence de toxicité vis à vis des cultures se trouvant à proximité ;
✔ Une rusticité et une croissance initiale rapide ;
✔ Une nature épineuse et/ou non appétée ;
✔ Un port arbustif et capable de développer une ramification dense
Système racinaire pivotant pour éviter la concurrence avec les cultures. Les espèces couramment utilisées en haies vives sont : Glricidia sepium, Bauhinia rufescens, Acacia laeta, Acacia nilotica, Acacia ataxacantha, Ziziphus mauritiana,
Combretum aculeatum, Mimosa pigra, Lawsonia inermis, Jatropha curcas, Euphorbia balsamifera, Prosopis juliflora.
Mesures de gestion
✔ Protéger la haie contre les dégâts des animaux (haie morte, gardiennage…) ;
✔ Procéder au regarnissage et aux soins sylvicoles.
Avantages
-Réduction des pertes de récolte dues à la divagation des animaux ;
-Protection contre le vol ;
-Fourniture de bois énergie, de fruits ainsi que des aliments pour bétail ;
-Ombrage pour les travailleurs et les animaux ;
– Elément pacificateur d’intégration agro-pastorale ;
-Marqueur des limites de parcelle (champ) ;
-Frein à l’érosion éolienne ;
-Réservoir de carbone (séquestration).
Inconvénients/contraintes
-Renforcement et entretien réguliers indispensables ;
-Concurrence possible avec la culture en place ;
-Pratique onéreuse si l’on achète les plants ;
-Habitat pour les prédateurs des cultures ;
-Occupation de l’espace de culture.
Références
– Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvopastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
– Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG), 2012. Fiches techniques des bonnes pratiques en matière de gestion durable des terres, d’adaptation aux changements climatiques et de conservation de la diversité biologique dans les régions du plateau central, du centre nord, du nord et du sahel. Ouagadougou Burkina Faso. 113 p.
C- Bandes pare-feu
Description
L’ouverture des bandes pare-feu consiste à tracer des bandes de longueur variable et de 15 à 20 mètres de largeur orientées perpendiculairement à la direction du vent dominant de la saison sèche. Les bandes ainsi tracées sont débarrassées de toute végétation, souche et matière inflammable. Dans la zone traversée par des bandes pare-feu, le pâturage naturel est protégé contre les feux de brousse. Et en cas de feux, les bandes serviront de lignes d’attaque pour endiguer la propagation de
l’incendie.
Objectifs de la TIA
● Sauvegarder les ressources forestières et fourragères contre les feux de brousse ;
● Lutter contre la dégradation des terres ;
● Protéger les personnes et leurs biens ;
● Protéger la biodiversité en arrêtant la propagation du feu ;
● Sécuriser les aires pastorales et agropastorales.
Conditions du milieu
Les feux de brousse occasionnent annuellement la destruction d’importants stocks de fourrages naturels sur pied dans les zones pastorales et agropastorales. Ils provoquent aussi des dégâts sur la biodiversité animale et parfois sur l’homme.
L’ouverture pare-feu vise à réduire ces pertes en protégeant des zones de pâturages bien définies. Ces bandes pare-feu sont habituellement exécutés par des engins (Bull Dozer, Niveleuses, etc.) et sont dits « mécaniques ». Mais depuis quelques années, on assiste à une exécution manuelle « pare-feu dits manuels » qui est l’œuvre des
communautés désirant protéger leurs aires de pâturage et leurs animaux.
Les principales étapes de mise en œuvre
✔ Identification des aires des pâturages : Pour les deux types de pare-feu, le choix des zones à protéger se fait en fin de saison de pluies. Le Ministère de l’Elevage à travers sa direction technique en charge de la question de façon participative
avec les communautés, identifient les zones de fortes productions ≥ 600 KgMS/ha (60 kg de Matière Sèche par ha). Ces zones constituent généralement des zones propices à une propagation de feu lorsqu’il se
déclenche.
✔ Traçage des bandes pare-feu : Les traceurs formés à cet effet, définissent l’emplacement des bandes selon les normes en tenant compte de la direction des vents dominants qui soufflent généralement d’Est en Ouest. (Voir normes dans le tableau)
✔ Labour des bandes pare-feu. Les populations locales utilisent les hilaires, des râteaux pour enlever les herbacées érigées, tout au long de l’espace délimité par le traceur
✔ Ramassage des herbes labourées, cette activité est effectuée à l’aide des râteaux, les fourches. Ensuite des bottes sont constituées pour faciliter le transport de la paille vers les lieux de stockage à l’aide des charrettes. Au besoin un nettoyage des résidus issus des bandes labourées est nécessaire à l’aide de râteaux, de balai.
✔ L’élagage des arbres et arbustes se trouvant sur les trajectoires des surfaces labourées à l’aide des coupes-coupes
✔ Gestion de la paille stockée : Un comité de gestion de la paille est mis en place. Le fourrage ainsi stocké, contribue aussi bien à la sécurisation de l’alimentation du bétail en période de soudure qu’à l’amélioration des ressources financières des travailleurs impliqués.
Mesures de gestion, d’appropriation et de pérennisation
✔ Formation des communautés de la mise en œuvre
✔ Formation de brigadiers anti-feu
✔ Des règles de gestion de la paille stockée définies de manière transparente, connues, comprises et acceptées par toute la communauté
Avantages
-Sécurisation de pâturages et de la biodiversité
-Diminution des mouvements pour la quête de pâturage
-Assure la disponibilité du fourrage
-Création d’emplois temporaires
Contraintes
-Manque ou insuffisance de matériel et équipement
-Insuffisance de la main d’œuvre en zone pastorale
-Démarrage souvent tardif des activités
-A long terme les bandes peuvent constitués des zones d’érosion ;
-Souvent refus des communautés de participer au ramassage de la paille fauchée
Références
– Moussa Abdou, Tidjani A Didier, Ambouta Karimou, Faculté d’Agronomie, Université Abdou Moumouni, 2016. / Bande pare feu en milieu pastoral, pratique préventive de lutte contre les feux de brousse ;13 p.
– MAG/EL, Direction du Développement pastoral, 2019. Fiche technique de bandes pare feu ; 3 p.
– Cellule de Coordination aux Crises Alimentaires/DNPGCA, 2020. Note de cadrage d’ouverture des bandes pare feux. Niamey, 2020 10 p.