L’Atacora, département parmi les plus pauvres du Bénin, subit les effets des changements climatiques (CC), et voit régulièrement diminuer la couverture forestière de son territoire du fait de l’action conjuguée des dérèglements du climat local et des prélèvements anthropiques.
Parallèlement, l’Atacora voit peu à peu diminuer le nombre de ses habitats en terre crue (HTC), qui font partie de son identité, et voit augmenter le nombre d’habitats de facture moderne dont les matériaux, la construction et l’utilisation sont générateurs de gaz à effet de serre (GES).
Pourtant au regard des objectifs d’atténuation des GES fixés par le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les HTC plutôt que d’être délaissés devraient être promus dans l’Atacora. Recourant à un matériau partout disponible et faisant appel à des outils rudimentaires, leur production ne génère en effet aucun GES. En outre, du fait de leur faible impact environnemental, du fait qu’ils mobilisent des savoir-faire ancestraux et du fait qu’ils sont potentiellement générateurs de revenus économiques, la production d’HTC s’inscrit pleinement dans les principes du développement durable (DD).
Le projet HTC-A a pour objectif général la promotion des HTC dans l’Atacora. Répondant aux problématiques propres à ce contexte particulier, il vise de manière spécifique : la préservation des HTC dans les communes de Boukoumbé, de Tanguiéta et de Natitingou, leur adaptation au CC et leur optimisation à l’égard du bois d’oeuvre et de chauffe.
La méthode adoptée dans le cadre de ce projet allie trois démarches complémentaires : comprendre, produire, transmettre. Ayant pour cible les populations et les autorités locales des communes citées cidessus,
le projet HTC-A veut atteindre trois résultats : l’approfondissement des connaissances en
matière de préservation, d’adaptation et d’optimisation des HTC dans l’Atacora ; l’augmentation des
compétences locales en matière de restauration d’HTC existants et de construction d’HTC adaptés et optimisés ; le transfert de ces savoirs et de ces compétences aux populations et aux collectivités locales.
Le bon aboutissement du projet repose en majeure partie sur la formation de 30 monitrices spécialisées dans la construction et l’entretien des foyers améliorés wanrou (FAW) ainsi que sur la formation de 10 moniteurs spécialisés dans la restauration des HTC existants et la construction d’HTC adaptés et
optimisés. Selon les principes du learning by doing, ces monitrices et ces moniteurs seront formés au travers de leur participation à la conception et à la réalisation de chantiers pilotes. Au terme du projet, le rôle de ces monitrices et de ces moniteurs sera de transmettre aux populations et aux autorités locales leurs connaissances et leurs compétences acquises et, ce faisant, de promouvoir les HTC dans l’Atacora.
Les trois objectifs spécifiques du projet HTC-A rencontrent les objectifs d’atténuation des GES, d’adaptation aux CC et de lutte contre la déforestation que poursuit l’AWAC. En outre, les résultats escomptés permettent notamment de renforcer les capacités des populations locales en matière de production d’HTC, en contribuant aux besoins des personnes les plus pauvres et en veillant à une répartition équilibrée des savoirs et des compétences entre les femmes et les hommes.
Porté par l’UCLouvain, le projet HTC-A repose sur un partenariat étroit entre : Éco-Bénin, le laboratoire analyse architecture (LAA) et le LOCI-LOCAL de la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme de l’UCLouvain, Yves Baudot et l’École du patrimoine africain (EPA).