Principes
Les pratiques de conservation des eaux et des sols reposent sur deux grands principes selon la FAO/WOCAT, à savoir :
-Collecte des eaux des pluies (Zone de captage, Acheminement des eaux, Système de stockage).
– Barrière en travers de la pente pour réduire la vitesse des eaux de ruissellement et les pertes de sols
Pratiques
A- Labour perpendiculaire à la pente
Description
Le labour perpendiculaire à la pente consiste à labourer perpendiculairement à la ligne de plus forte pente (direction d’écoulement des eaux) du terrain. Cette technologie augmente la quantité d’eau disponible pour les plantes dans le sol et bloque l’écoulement de la couche superficielle du sol, en limitant la prise de vitesse de l’eau lors du ruissellement.
Objectif de la TIA
L’objectif de cette pratique est la limitation de l’érosion visant à favoriser le maintien de l’intégrité des sols et à préserver la qualité des eaux.
Fonction
Le labour perpendiculairement à la pente permet de :
✔ Barrer la route à l’eau de ruissellement afin de l’obliger à pénétrer dans le sol ;
✔ Favoriser ainsi l’utilisation optimum, par les plantes, de l’eau des pluies tombées et des engrais appliqués ;
✔ Réduire sensiblement la quantité de terre emportée par les eaux de ruissellement.
Mise en place avec les variantes
Le but est de disposer les lignes de culture perpendiculairement à la plus forte pente de la parcelle.
✔ En cas de labour à plat, installer les lignes de semis perpendiculairement à la pente, ainsi au sarclo-buttage les billons seront orientés dans la direction recommandée.
✔ En situation de labour en billons, l’orientation doit être perpendiculaire à la pente dès le labour.
✔ Pour favoriser encore plus la pénétration de l’eau dans le sol, on peut cloisonner les billons. Le cloisonnement consiste à emprisonner l’eau entre les billons par des cloisons qui divisent les sillons.
✔ Plus la pente est forte, plus les cloisons seront rapprochées les unes des autres pour limiter les déplacements latéraux de l’eau à la surface du sol. En zone de fort ruissellement, les cloisons peuvent être séparées de deux ou trois mètres.
✔ La réalisation de la cloison peut être manuelle ou mécanique. En culture attelée ou motorisée, il suffit de soulever, par intervalles, la charrue.
✔ En présence de cordon pierreux, les billons sont établis selon la courbe de niveau c’est-à-dire parallèlement au cordon de pierres.
Durabilité
Pour renforcer l’action du labour perpendiculaire à la pente, on peut installer, par endroits, soit des :
✔ Bandes enherbées ;
✔ Méthodes mécaniques de lutte contre le ruissellement (ados, cordon pierreux)
La mise à échelle en changeant tous les sens des billons orientés dans le sens de la pente ou les labours motorisés perpendiculaires à la pente peuvent avoir un coût. Mais dans tous les cas, cette technique « relativement sans coût » doit être étendue à l’échelle de tous les champs.
Avantages
– Technique « relativement sans coût »
-Protège les parcelles en aval contre les apports de sable et de sédiments ;
-Empêche la perte du sol utile et permet une meilleure infiltration des eaux.
-Moins de peine à circuler perpendiculairement à la pente plutôt qu’à la gravir.
Inconvénients
-Difficultés de maintenir la stabilité des charrues
-Dégradation de la biodiversité des organismes du sol qui entraine sa qualité et son aération
Références
-Dugué P., Rodriguez L., Ouoba B. Sawadogo I. 1994. Techniques d’amélioration de la production agricole en zone soudano-sahélienne. CIRAD, INERA, CRPA, 207 p.
-Dupriez H., De Leener Ph., 1983. Agriculture tropicale en milieu paysan. Terre et Vie, L’Harmattan, ENDA. 282 p.
-Fandohan S. 2012. Note d’orientation pour la sélection de mesure de Gestion Durable des Terres.
-MDR, 1992. Culture attelée et protection de l’environnement. Tome 5, Manuel de culture attelée. 62 p.
B- Technique de Demi-lune
Description
La demi-lune agricole est une cuvette de la forme d’un demi-cercle destinée à recevoir la culture et creusée perpendiculairement à la ligne de la plus grande pente et ouverte vers l’amont pour intercepter et infiltrer les eaux de ruissellement.
Objectifs de la TIA
La pratique de la demi-lune agricole vise à :
– Capter l’eau de ruissellement et favoriser son infiltration ;
– Réduire l’érosion hydrique et provoquer la sédimentation ;
– Augmenter la disponibilité en eau pour les cultures ;
– Accroitre le rendement agricole ;
– Récupérer des terres encroûtées et compactées à des fins agricoles.
– Sécuriser la production agricole.
Conditions de mise en œuvre
Les demi-lunes agricoles sont réalisées sur des terres de plateaux dégradées (sol nu, encroûté et induré) à pentes faibles (inférieures ou égales à 3%) à sol limoneux ou limono-sableux induré et encroûté générant un important ruissellement.
Étapes de mise en œuvre
✔ Repérer le sens de la pente ;
✔ Tracer un demi-cercle à l’endroit du houppier ou de la couronne projetée au sol (les radicelles qui assurent l’alimentation de la plante sont concentrées en cet endroit).
✔ Confectionner un gros billon en forme de demi-lune (bourrelet) qui sert d’obstacle mécanique pour concentrer l’eau de ruissellement à cet endroit.
✔ Protéger le pied aval du bourrelet, les extrémités des bourrelets autant que possible par des moellons pour éviter l’érosion lors des débordements ;
✔ Enrichir la demi-lune par des apports de fumure organique ou de compost bien décomposé.
✔ Recourir systématiquement au paillis des demi-lunes pour limiter les pertes d’humidité.
Sur un sol relativement plat, au lieu d’une demi-lune on réalise une pleine-lune. Lorsque la demi-lune ou la pleine-lune se réalise au pied des arbres fruitiers notamment, on parle de demi-lune forestière ou pleine-lune forestière.
✔ Réalisable à tout moment de l’année mais de préférence en février-mars ou août-septembre sur les orangers et les anacardiers.
⮚ Mise en valeur des ouvrages :
Amendement organique : 10 kg de compost ou 15 kg de matière organique épandu sur le fond de l’ouvrage immédiatement après sa réalisation et recouvert d’une mince couche de terre pour éviter que l’amendement ne soit éjecté de la cuvette par le vent aussitôt après la confection. Les demi-lunes agricoles sont mises en culture simple ou en association de cultures. Il est réalisé sur le fond de la cuvette 15 à 20 poquets pour réceptionner les spéculations (15 poquets pour le mil, 20 poquets pour le sorgho…). Le rendement agricole : 800 à 1200 kg/ha de mil.
Exigences pour sa durabilité
✔ Suivi de comportement après chaque grande pluie et correction immédiate des
ouvrages ;
✔ Réparer les bourrelets détruits et apporter de la matière organique (à renouveler chaque année) pour accroitre l’activité des termites et des micro-organismes pendant les préparatifs de la campagne agricole (mars-avril) ;
✔ Entretiens culturaux : sarclage, démariage, remuer la terre de fond de temps en temps ;
✔ Après récolte, il faut laisser une partie des résidus sur place en épandage sous forme de paillage pour ralentir l’évaporation et assurer la protection du sol.
✔ Élaborer un cahier de charge avec les propriétaires terriens
Avantages
-Mobilisation des eaux de ruissellement;
-Recharge de la nappe phréatique ;
-Amélioration de la structure des sols ;
-Récupération des terres encroûtées à des fins agricoles ;
-Augmentation des surfaces cultivables ;
-Séquestration du carbone après sa mise en valeur
Inconvénients
-Exigence d’un entretien régulier ;
-Exigence d’une importante main d’œuvre
-Risque d’asphyxie aux stades de germination et de levée.
Références
– Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
– Abdou A., Abdoulahi S. C., Tidjani M. A., Hassimi M. S., Sabra A. K. A., Soulé A. E. et Kaire M. 2019. Économie de la dégradation des terres à Tahoua, Niger.
Analyse coût-bénéfice des activités de récupération des terres (banquettes, demi-lunes et cordons pierreux) des quatre sites de la commune rurale de Badaguichiri.
Un rapport de l ́Initiative ELD dans le cadre du projet « Inverser la dégradation des terres en Afrique par l’adoption à grande échelle de l’agroforesterie » 40 p.
Disponible sur www.eld-initiative.org
– ProSOL, 2018. Compendium de fiches techniques du formateur. MAEP,
ProSOL/GIZ, 97 p.
C- Technique de Zaï
Objectif de la TIA
L’objectif de cette technique est de localiser les apports en matière organique et en eau (optimiser les ressources limitées) et de limiter les travaux culturaux
Fonctions
La technique de zaï permet de :
✔ Mettre en valeur des espaces dénudés et des sols difficiles à travailler.
✔ Collecter et valoriser les eaux de ruissellement et diminuer les pertes par évaporation.
✔ Réduire l’érosion hydrique et favoriser l’infiltration sur les sols encroûtés.
✔ Obtenir des récoltes normales en situation de faible pluviométrie.
✔ Améliorer l’efficacité agronomique des fertilisants.
Etapes de mise en œuvre
✔ Repérer le sens général d’écoulement des eaux des pluies.
✔ Matérialiser une première ligne de zaï perpendiculairement à la plus grande pente identifiée.
✔ Si la pente est irrégulière (existence d’une contre-pente), construire une courbe de niveau.
✔ Creuser les trous (cuvette) sur cette première ligne (ou sur la courbe de niveau), la terre déblayée de chaque cuvette est rejetée en forme de croissant vers l’aval.
✔ Dimensions de chaque cuvette : de 10 à 30 cm de diamètre sur 8 à 20 cm de profondeur.
✔ Écartement entre cuvettes : de 0,5 à 1,2 m ; il est pratique d’adopter, dès l’installation, les écartements correspondant à la densité de poquets de la culture à mettre en place.
✔ Orienter les lignes de semis en travers de la pente (direction de la courbe de niveau).
✔ Apporter de la matière organique bien décomposée, environ 300 g par cuvette
(une poignée de main d’adulte) avant la période des semis. Recouvrir d’une mince couche de terre.
✔ Semer dès que les premières pluies auront suffisamment humidifié le sol.
Variante : Adaptation à des sols meubles et faiblement dégradés
✔ La culture en poquets (zaï) peut aussi s’appliquer, en maraîchage, à des cultures à grand écartement comme le gombo, la tomate ou le piment par exemple.
Avantages et inconvénients de la technique de Zaï
✔ Avantages
-Permet de faire des apports adaptés aux besoins des cultures malgré
l’insuffisance en ressources (matière organique et eau).
-Permet d’éviter que les apports en eau et matière organique ne profitent aussi aux adventices (réduction des travaux
de désherbage entre les cuvettes).
-Permet l’efficience des apports et des arrosages, favorise les économies d’eau.
✔ Inconvénients
-Demande un travail important si le sol est compact.
-Permet difficilement un entretien si le sol est très sableux.
– Demande du temps lors de la préparation du sol par rapport à un labour simple.
Références
– Ministère du Développement Agricole (MDA), 2006. Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvopastorales, Niamey, Niger, Programme d’Actions Communautaires (PAC). 270 p.
– Ministère de l’environnement et du cadre de vie (Burkina Faso), 2011, Etude sur les meilleures pratiques de gestion durable des terres, Rapport Final, GRAD Consulting Group. 160 p.
– Ministère de l’environnement et de l’eau (Burkina Faso), 2001. Manuel de foresterie villageoise. Ouagadougou Burkina Faso. DFVAF / JICA. 67 p.
– Abdourahamane G. 2019. Effets des zaïs sur la productivité des terres dégradées dans la grappe de Dargué (Guidan Roumdji) au Niger. In Partenariat scientifique réunir – PAM : Apports de la recherche pour un changement de paradigme Dans l’opérationnalisation de l’approche résilience au sahel. USAID et BMZ. 21-25