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  • Dernière modification de la publication :9 juin 2025

Principes
La bonne gestion du matériel végétal et du semis permet une meilleure adaptation aux effets du changement climatique.
Trois principes orientent les pratiques d’adaptation au changement climatique selon la FAO/WOCAT, à savoir :
– Anticiper et limiter les dégâts éventuels (par intervention sur les facteurs qui vont déterminer l’ampleur des dégâts) et profiter des opportunités potentielles ;
– Supporter les changements (y compris en termes de variabilité et d’événements extrêmes) ;
– Réagir et faire face aux conséquences ou se remettre des dégâts

Pratiques


A – Gestion du matériel végétal

Description
La semence est un élément stratégique des systèmes de production agricole. Sans semences de qualité et adaptées aux évolutions des contextes pédoclimatiques, la survie des sociétés rurales serait compromise. Le travail de sélection permettant de produire des variétés adaptées aux besoins des sociétés est donc fondamental, de même que celui de la multiplication des semences et plants présentant les caractéristiques favorables lors de leur semis. Pour assurer sa qualité le processus de multiplication de la semence paysanne est assez rigoureux. Le cycle des plantes La première étape est la connaissance du cycle
de la plante : annuelle, bisannuelle ou vivace.

Représentation schématique d’un cycle annuel et bisannuel

La plante annuelle est une plante pour laquelle le cycle du semis à la récolte se fait en un an au plus. Exemple : le maïs, la salade, la tomate… Pour la plante bisannuelle, son cycle du semis à la récolte dépasse une année. C’est souvent le cas pour les légumes racines ou bulbes. Exemple : la carotte, la betterave, l’oignon… Enfin, une plante est dite vivace lorsqu’elle reste en terre et produit plusieurs années de suite.
Exemple : l’aubergine, le pois d’Angole.

Objectifs de la TIA
✔ Rendre disponible des méthodes efficaces pour la production des semences des cultures annuelles, bisannuelles etc,
✔ Améliorer les rendements et la production agricole,
✔ Augmenter le revenu des producteurs.

Mode de reproduction et fécondation : allogame ; autogame
Les plantes peuvent se reproduire par les fleurs, par les graines, par les tubercules ou encore par les boutures des tiges. Certaines plantes se croisent entre elles lors de la floraison. On les appelle les plantes allogames. D’autres plantes ont les fleurs qui s’autofécondent, elles ne se mélangent pas au moment de la floraison. Ce sont les plantes autogames. Les fleurs de la plante allogame sont fécondées par le pollen des autres fleurs de la même plante ou par les pollens des fleurs des autres plantes de la même espèce. Le pollen circule entre les fleurs par les insectes ou par le vent. Les plantes allogames se croisent donc facilement entre elles. Le mélange entre les variétés est donc possible. Exemples de plantes allogames : le maïs, l’aubergine, la courge. Les fleurs de la plante autogame se fécondent avec leur propre pollen. En fonction des conditions, notamment de la chaleur, il se peut que la plante ne soit pas à 100 % autogame. De faibles croisements peuvent se produire avec les fleurs des autres plantes de la même espèce. On dit alors qu’elle est “à majorité autogame”.
Exemples de plantes autogames : la tomate, la laitue, le haricot.

Représentation schématique des modes de reproduction des plantes

Dans la production de semences, il est très important de savoir si la plante est autogame ou allogame. Si elle est allogame, il faudra prendre certaines précautions pour que les variétés ne se mélangent pas, surtout si on veut conserver strictement
les caractères d’une variété.

Critères et modes de sélection
Il existe plusieurs façons de faire de la sélection. Cela dépend de ce que l’on veut
(i) Maintenir rigoureusement une variété avec ses caractéristiques ;
(ii) Adapter ou faire évoluer une variété ;
(iii) Créer une nouvelle variété. Il faut donc se fixer des objectifs de sélection.

⮚ Sélectionner pour maintenir la variété comme elle est, avec strictement
les mêmes caractéristiques
On choisit partout dans le champ les plantes et les fruits ou épis qui correspondent bien aux caractéristiques de la variété : taille, couleur, forme, cycle. On ne garde pas ceux qui sont trop différents, qu’on valorise autrement (consommation, vente). Ainsi le type de la variété est maintenu à l’identique d’année en année. Il ne faut donc pas choisir seulement les plus gros épis ou fruits. On choisit aussi ceux qui sont un peu plus petits mais qui ont la même forme, la même couleur, pour bien garder la diversité des caractères de la variété.

⮚ Sélectionner pour adapter la variété
Pour une variété donnée, on peut choisir un ensemble de plantes qui répondent le mieux aux conditions du terroir. Soit parce qu’elles sont plus précoces, plus grosses, plus colorées, plus grandes, qu’elles ont meilleur goût, qu’elles sont plus résistantes à certaines attaques ou maladies, plus résistantes à la sècheresse ou aux pluies trop abondantes, … On élimine celles qui n’ont pas les caractéristiques recherchées. En restant très proche de la variété d’origine, on l’adaptera aux conditions de culture de son terroir.

Sélectionner pour créer une nouvelle variété
Lors de la culture, il peut apparaître des variations entre les plantes. Ce sont des mutations naturelles. Par exemple, la couleur des graines de haricot ou la forme de la salade peut changer. Si on aime certaines de ces variations, on peut sélectionner une nouvelle variété ou une variété cousine. Avec une ficelle, un bâton ou un autre signe, il faut marquer un bon nombre de plantes qui ont cette variation. A la récolte, on gardera les semences de ces plantes à part. L’année suivante, on ressèmera ces semences dans une partie du champ ou du jardin. A nouveau on fera le même travail de sélection : on marquera les plantes qui ont la variation et on les récoltera à part. Il faudra continuer le même travail plusieurs années de suite, en général au moins 5 ans, pour obtenir sa propre variété. On pourra lui donner un nouveau nom.
Les grands principes de la sélection
Il y’a trois grands principes à retenir dans la sélection des semences paysannes.
Attendre la maturité : La sélection se fait quand le fruit, le légume ou l’épi est bien mûr, souvent plus que pour la consommation, ou que la fleur est sèche avec les graines bien formées.
Cultiver sur le long terme : Le mieux pour sélectionner une variété est de la cultiver chaque année sans interruption pendant plusieurs années. Il faut faire le travail d’adaptation et de sélection dans sa ferme sur le long terme.
Sélectionner en nombre : Plus on garde de plantes dans la sélection, plus on conserve de diversité et plus on a de chance d’adapter la variété au terroir.

Pour chaque culture nous indiquerons le nombre minimum de plantes à sélectionner. Même si on n’a pas besoin de toute cette quantité de semences, il faut quand même sélectionner sur ce minimum de plantes, sur l’ensemble de la parcelle, en évitant les bordures. Après l’extraction et le tri, on mélangera bien l’ensemble des semences. Ce n’est qu’à ce moment qu’on pourra prélever la part à semer, donner ou vendre.

Critères de sélection des semences

Références
PSAE : formation en agroécologie des agents de l’agriculture (agents techniques et techniciens supérieurs) de la région de l’Est : cahier du participant BIOPROTECT : Education à l’adoption de pratiques agroécologiques: Support de formation et de
vulgarisation Module de formation des GAP : Guide du facilitateur PSAE : formation des formateurs en agroécologie : Manuel du participant African organique training manual : crop management


B -Semis étalés dans le temps

Description
La technique de semis étalés consiste à mettre en place une culture sur différentes dates de semis pour augmenter les chances de réussite pendant la période culturale.

Objectifs de la TIA
✔ Minimiser les risques de mauvaise récolte due à l’irrégularité des pluies.
✔ Réduire les périodes de pointe (de surcharge en travail).

Méthodes de mise en œuvre

Exigences pour sa durabilité et sa mise à échelle
– Accepter le risque de perdre, en partie, de la semence.
– Être prêt à saisir toute opportunité de pluie suffisante pour effectuer des semis précoces.
– Combiner cette stratégie avec les mesures de semis sous couverture végétale du sol.
– Rendre les informations météorologiques accessibles aux agriculteurs (radios rurales et autres canaux de technologies de l’information et de la communication).

Avantages
– Récoltes précoces vendues à meilleurs prix.
– Raccourcissement de la période de soudure.

Références
-Idani M., Akindélé A. A., Medéou F. K., Ogouwalé E., 2013. Stratégies d’adaptations paysannes au changement climatique dans l’Arrondissement de Dassari (Bénin, Afrique de l’Ouest) XXVIème colloque de l’Association internationale de climatologie. PP 291-296. ProSOL, 2018. Manuel de l’agriculteur. MAEP, ProSOL/GIZ, 27 p.


C – Semis précoce dans les bas-fonds
Description

Le semis précoce dans les bas-fonds est une stratégie de mise en valeur de zones marginales autrefois rarement exploitées.
À la recherche de stratégies d’adaptation au changement climatique (gestion de la sécheresse), les agriculteurs, malgré les risques d’inondation, profitent des pluies précoces pour mettre dans les bas-fonds des cultures qui n’y sont pas adaptées.

Objectifs
✔ Mettre en valeur les zones marginales autrefois rarement exploitées ;
✔ S’adapter à la sécheresse

Condition d’utilisation
Le semis précoce se fait dans les bas-fonds.

Etapes de mise en œuvre
Semer de façon précoce le maïs, l’arachide dans les bas-fonds et les récolter avant les inondations.

Exigences pour sa durabilité et sa mise à échelle
La culture dans les bas-fonds comporte toujours un risque :
✔ Les situations imprévisibles exceptionnelles d’inondation peuvent emporter tout un champ.
✔ Les animaux d’élevage en quête de pâturage constituent une menace permanente pour les cultures dans les bas-fonds surtout en saison sèche.
✔ Prévoir des digues et des drains pour gérer les flux d’eau.
✔ Pour préserver l’environnement, la loi interdit l’exploitation des berges des cours d’eau.

Références
ProSOL, 2018. Compendium de fiches techniques du formateur. MAEP, ProSOL/ GIZ, 97 p.