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  • Dernière modification de la publication :18 novembre 2025

La commune de Ouinhi, dans le département du Zou, vient de poser un jalon majeur pour la sauvegarde de ses ressources en eau et de sa biodiversité. À l’issue d’une rencontre communautaire tenue le mercredi 12 novembre 2025 à Sagon, les populations locales ont donné leur accord pour la mise en place d’une Aire Communautaire de Conservation des Ressources en Eau (ACC-RE), un outil de gestion durable porté par Eco-Benin dans le cadre du projet DURAGIRE.

Nichée au sud-est du Zou, la commune de Ouinhi est historiquement reconnue pour ses forêts galeries, ses cours d’eau, ses zones humides et sa biodiversité aquatique exceptionnelle. Le fleuve Ouémé, véritable artère vitale de la région, abritait autrefois une grande diversité de poissons, d’oiseaux et même des espèces emblématiques telles que le lamantin d’Afrique.

Mais ces richesses naturelles connaissent un déclin préoccupant.

« Il y avait beaucoup de forêts galerie, les lamantins d’Afrique et beaucoup de poissons dans le fleuve Ouémé. Mais les pratiques agricoles font que ces ressources disparaissent de jour en jour »,

témoigne Janvier Tosso, chef du village Adamè.

Défrichements anarchiques, feux de brousse, reculs des berges, pollution et surexploitation des ressources hydriques menacent aujourd’hui l’équilibre écologique de toute la zone. Face à cette situation alarmante, les populations locales ressentent désormais l’urgence d’agir.

La rencontre du 12 novembre a rassemblé un ensemble d’acteurs clés : propriétaires terriens, élus locaux, forces de police républicaine, agents des eaux, forêts et chasse, représentants de la mairie de Ouinhi, mais aussi les membres de la brigade de surveillance des plans et cours d’eau. Tous ont été sensibilisés aux enjeux de la création de l’ACC-RE, ainsi qu’aux différentes étapes du processus. Selon Sylvain Daavo, chargé de mission à Eco-Benin :

« Cette activité vise à sensibiliser les communautés sur les différentes étapes de la mise en place de cette ACC-RE et à obtenir leur accord et engagement pour la suite du processus. »

 

Au-delà de la sensibilisation, un travail technique participatif sous forme d’un exercice a été mené sur une carte. Les parties prenantes ont procédé à l’identification des zones centrales, des zones tampons et des zones de transition, étapes cruciales pour définir le périmètre de l’aire protégée. La carte issue de ce zonage a été élaborée puis validée collectivement.

Pour Basile Ganhoudjo, chef du village Hinvèdo, l’initiative est accueillie avec enthousiasme :

« C’est une bonne chose et nous sommes très contents. Nous sommes prêts à soutenir l’initiative jusqu’à son aboutissement. »

Vers une gouvernance locale renforcée

Même si l’accord communautaire représente une avancée déterminante, plusieurs étapes restent à franchir pour rendre l’ACC-RE pleinement opérationnelle. Le processus prévoit notamment : la mise en place des comités locaux de gestion, qui auront pour mission de coordonner la surveillance, l’entretien et la valorisation des ressources naturelles ; la délimitation technique et précise de l’aire, impliquant des relevés géographiques et environnementaux ; l’élaboration d’une convention locale de gestion, définissant clairement les règles d’usage, les droits, les responsabilités et les sanctions en cas d’infraction ; la signature d’un arrêté de création par la mairie de Ouinhi, qui donnera à l’aire communautaire un statut légal et reconnu.


Ces étapes s’inscrivent dans une approche participative où les communautés deviennent les acteurs principaux de la conservation. Elles renforcent également la gouvernance locale, en mettant les populations au cœur des décisions relatives à la gestion de l’eau et des écosystèmes.

Un engagement qui s’inscrit dans le cadre du projet DURAGIRE

La création de cette aire communautaire intervient dans le cadre du projet DURAGIRE, un ambitieux programme de gestion intégrée des ressources en eau mis en œuvre au Bénin. Financé par l’Ambassade des Pays-Bas, DURAGIRE vise à renforcer la résilience des communautés de la vallée de l’Ouémé face aux risques liés à l’eau notamment les inondations, l’érosion et les sécheresses prolongées.

En encourageant la mise en place d’aires communautaires de conservation des ressources en eau, le projet s’appuie sur une approche durable qui combine protection des écosystèmes, résilience climatique, participation communautaire et développement local.

Pour les communautés de Ouinhi, la création de l’ACC-RE représente bien plus qu’un dispositif de protection environnementale. C’est un engagement collectif pour préserver les ressources vitales dont dépend leur avenir : l’eau, la biodiversité, les terres cultivables et l’équilibre de leur cadre de vie.

ABOKI DANIEL / ECO-BENIN