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  • Dernière modification de la publication :15 septembre 2019

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Caravane Solidaire 2008, 3ème Forum International du Tourisme Solidaire, du 20 au 22 octobre 2008, Bamako, Mali

Caravane Solidaire 2008

Voyage aux bouts de l’Afrique de l’Ouest

Caravane_01.jpgPartis de Cotonou au Bénin, le 8 octobre passé, les caravaniers solidaires de la sous région sont arrivés le samedi 18 octobre à la destination de Bamako. La capitale malienne, cadre du 3ème Forum International du Tourisme Solidaire (FITS 2008) qui a lieu du 20 au 22 octobre, était le terminus de ce voyage de 4500 km, à travers le Bénin, le Togo, le Ghana, le Burkina Faso et le Mali. Sains, saufs et satisfaits, les caravaniers font le bilan de l’aventure.

Après dix jours passés sur les routes de l’Afrique de l’Ouest, en perçant frontières et mauvais esprits, les trois véhicules de la Caravane Solidaire 2008 sont arrivés à Bamako. Les Béninois, les Togolais, les Ghanéens, les Burkinabés, les Français, les Allemands, les Italiens du groupe, ont débarqué au Centre International de Conférences de la capitale malienne, accueillis par le Ministre de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, M. N’Diaye Bah, et par le Coordinateur Général du FITS 2008, M. Jean-Marie Collombon.

« Une expérience que peu de personnes croyaient possible, faute de moyens », commente M. Collombon, « mais qui a permis aux gens d’arriver à destination déjà immergés dans l’esprit du forum ». Trente trois (33) personnes avec une mission précise, ont voyagé à travers cinq pays Ouest Africains avec le but de mieux faire connaître un type de tourisme qui est encore nouveau et peu connu, le tourisme responsable et solidaire.

C’est la délégation béninoise qui a commencé l’aventure, accompagnée des Français et des Allemands. Sous la coordination de M. Gautier Amoussou, Coordonnateur de Bénin Ecotourism Concern (Eco-Bénin) ainsi qu’organisateur de ladite caravane, elle a quitté Cotonou il y a une dizaine de jours. C’est tout au long du voyage que l’effectif du groupe a augmenté. Dans chaque pays, une nouvelle délégation, formée par les acteurs du tourisme alternatif, s’est ajoutée au groupe.
Ils ont touché Possotomé, Glazoué et Koussoukoingou, comme étapes au Bénin. Puis, route vers Kpalimé au Togo, Hohoé, Accra, Kumasi et Sirigu au Ghana, Ouagadougou, Laongo et Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, pour se diriger enfin vers le grand pays chaud, le Mali. Un long parcours, au cours duquel plusieurs sites ont été visités. Particularité de ces sites, c’est qu’ils sont tous impliqués dans des projets de développement local, soutenus par des activités de tourisme solidaire. Tourisme solidaire ? Une forme de tourisme qui permet à tous les acteurs concernés, y compris les populations, de profiter de façon équitable, des bénéfices que cette activité apporte. Dans ces pays, plusieurs associations non gouvernementales sont engagées dans des activités dans les secteurs de l’environnement, de la santé, de l’éducation et de l’artisanat. Grâce à des actions de sensibilisation elles arrivent à faire prendre conscience aux populations de l’impact de leurs actions sur l’environnement et la communauté.

« Il faut essayer de les conscientiser », explique François Satro, directeur de l’Association Découverte Togo Profond (ADETOP) ainsi que coordinateur de la délégation togolaise. Mais ces organisations de la société civile n’ont pas la vie facile, et au-delà de la recherche des financements, elles s’occupent aussi d’intégrer le tourisme solidaire au développement local. « Le tourisme ? Ça nous sert comme moyen de sensibilisation populaire aussi », ajoute Jean Baptiste Yawo Satro, directeur exécutif de l’Association A3D du Togo. Le touriste est plongé dans le milieu qu’il va visiter, il participe aux activités et vit avec les gens du lieu qui de ce fait bénéficient d’une partie des revenus.

La caravane a été dans le même temps promotrice et actrice de ce type de tourisme. Elle a fait le tour de sites tels que les montagnes de Kouma Konda à Kpalimé, au Togo, de Gblébi-Gbogamé et des cascades d’Agomatcha à la frontière entre Ghana et Togo. Ou encore la forêt classée de Kou non loin de Bobo-Dioulasso, et, dans la même zone, le centre polyvalent de l’association Yanta, où des femmes s’occupent de la production et de la vente d’anacardes et de beurre de karité. Sensibilisation des gens, formations, reboisement, gestion écologique des ordures et protection de rivières… voilà les activités conduites un peu partout et auxquelles les caravaniers ont pris part activement le long du parcours.

Les caravaniers ont fait le tour de localités reculées et difficiles d’accès mais ils en sont sortis réconfortés par la solidarité intense des communautés qui les ont accueillis, hébergés et nourris royalement. 4500 km dans cinq pays, en dix jours. Enfin, dix jours remplis de conversations, de discussions, d’ateliers et d’interviews. Pour échanger les expériences, pour mieux comprendre et pour apprendre l’un de l’autre. Pour voir ce qui manque encore, pour mieux pouvoir sensibiliser les autorités, les populations, ainsi que pour échanger expériences et opinions dans un domaine comme le tourisme solidaire qui, selon ses acteurs, doit encore se diffuser. Faut-il le dire aussi, l’organisation de la caravane n’a pas été simple, comme avoue son organisateur. Les financements, presque impossible à trouver ; les autorités, souvent désintéressées …

Parmi les caravaniers, certains n’avaient jamais eu la possibilité de sortir de leurs pays, d’autres n’avaient jamais dormi dans un dortoir. La caravane a réuni tout ces mondes, avec une synergie qui a permis de ne pas sentir fatigue et difficultés, et au contraire, de les affronter avec un esprit plus que positif. En effet, pour ce qui concerne les difficultés, nos héros ont découvert ce qu’un touriste doit normalement affronter pour voyager dans cette zone de l’Afrique, si accueillante, mais en même temps si difficile. Aux frontières, avoir un visa rapidement et sans trop de problèmes, n’est pas évident. A la douane, un minimum de deux heures, doit être pris en compte dans le programme.

« Il n’y a pas encore une politique en ce qui concerne le tourisme responsable et solidaire dans l’espace CEDEAO », dit le Directeur de Cabinet du Maire de Ouagadougou. Le challenge se trouve à ce niveau pour une promotion et mise en œuvre aisée du mouvement de tourisme solidaire.

Cela va venir, parce que, comme l’ont déjà expérimenté nos caravaniers, un bon fufu (igname pilé, en langue togolaise) mangé ensemble, fait par des bonnes dames, une nuit passé dans les Tata Somba béninoises, un concert de percussions, c’est la « forces des choses » qui se manifeste. Mais ce n’est que la première étape pour dépasser le folklore et explorer la complexité d’une histoire qui n’épargne personne : les dernières années aux Togo, la réalité de la pauvreté dans les pays francophones et le développement sans racine du Ghana.

La musique du xylophone, de la kora et de la flûte en bois, fait frissonner. Souvenirs de la mémoire universelle. Ecouter les gens, écouter l’environnement, écouter l’histoire… probablement c’est cela, le tourisme solidaire. Le reste viendra naturellement.
L’énergie des caravaniers a laissé la trace tout au long du parcours qu’ils ont parcouru. Maintenant, c’est aux caravanes du monde de tracer leur parcours, et en même temps, de se laisser tracer par le parcours. Les gens, les attendent pour leur raconter leur histoire.

Giulia Marchi & Gautier Amoussou

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