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  • Dernière modification de la publication :26 mai 2025

Créée et mise en place le 25 août 2023, l’Association Hin Dhôkoun incarne un nouveau souffle dans la gestion communautaire des ressources naturelles autour du Lac Ahémé. Mandatée par les mairies de Bopa, Comé et Kpomassè, cette structure locale de gestion de l’aire communautaire de conservation de la biodiversité ACCB – Lac Ahémé a pour mission de veiller à la préservation de la biodiversité tout en garantissant le bien-être des communautés riveraines.

Mais à peine deux ans après sa mise en place, l’association a été confrontée à plusieurs conflits mettant à l’épreuve sa légitimité et sa capacité à agir. À Akodéha, dans la commune de Comé, un présumé propriétaire terrien s’est opposé à la construction de drains, destinés à protéger les zones reboisées de mangroves contre les feux volontaires. L’affaire a été portée devant le tribunal de conciliation de Comé, qui, après examen des pièces légales, a tranché en faveur de l’association Hin Dhôkoun. Un autre incident similaire s’est produit à Tohonou, dans la commune de Bopa. Là encore, un individu a tenté de bloquer une opération de reboisement sur une zone humide. L’association a alerté la mairie qui est intervenue pour rappeler à l’ordre le présumé propriétaire terrien et autoriser la poursuite de l’activité.

Ces différends ont non seulement ralenti le calendrier d’exécution de certaines activités de l’association, mais ont également mobilisé des ressources humaines pour leur résolution.

« En deux ans, nous avons géré trois conflits, tous liés au foncier. Heureusement, les autorités communales nous soutiennent dans l’application des textes », confie Luc Mouvi, président de l’association Hin Dhôkoun.

Outiller les acteurs pour prévenir plutôt que guérir …

Pour renforcer les capacités des gestionnaires des aires communautaires face à ces défis, un atelier de formation s’est tenu du 20 au 22 mai 2025 à Azovè, dans la commune d’Aplahoué. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet AGeReB (Appui à la gestion de la réserve de biosphère du Mono et de l’aire marine protégée Bouche du Roy pour un développement économique inclusif durable), financé par l’Union Européenne.

Pendant trois jours, une trentaine de participants issus des associations locales des ACCB à savoir Adjamé, Bouche du Roy, Lac-Ahémé, Lagune Côtière, Naglanou, Toho, Togbin Adounko, Vodounto, de l’Autorité du Bassin du Mono et des organisations de la société ont exploré des approches pratiques de gestion des conflits.

« Avant, on gérait les conflits à notre manière. Grâce à cette formation, nous avons découvert des méthodes simples, mais efficaces. On cherchait des solutions à tâtons, et parfois on saute les étapes alors que des méthodes existent pour mieux gérer ces situations. Cette formation nous aidera énormément », témoigne Luc Mouvi.

Des recettes concrètes et une meilleure communication pour apaiser les conflits

Avec l’expertise du professeur Toussaint Lougbégnon, consultant formateur et de son équipe sous la coupole de ID-Territoires, les participants ont été invités à identifier les types de conflits auxquels ils sont confrontés. Résultat : la majorité sont des conflits internes aux associations, suivis par des différends intergroupes d’ordre organisationnel, mais aussi des tensions spécifiques à certains acteurs, comme les conflits entre éleveurs et agriculteurs ou les désaccords sur l’utilisation des ressources naturelles.

Durant cette session, les participants ont été amenés à travailler sur plusieurs cas-école inspirés de situations réelles rencontrées sur le terrain. Ces études de cas ont permis d’illustrer concrètement les types de conflits auxquels ils peuvent être confrontés et de tester, en groupe, les outils de résolution proposés pendant la formation. La formation a permis d’explorer donc des pistes concrètes : écoute active, gestion des relations interpersonnelles, communication proactive, clarification des rôles et des responsabilités.

« Nous avons travaillé avec eux sur des questions fondamentales : respect du cahier des charges, redevabilité envers la base, dialogue interculturel… », précise le professeur Lougbégnon.

Cette session est la quatrième d’une série de huit (8) formations prévues entre mars et novembre 2025. Elle vise un renforcement progressif et durable des compétences des acteurs impliqués dans la gestion des aires protégées de la réserve de biosphère transfrontière du Mono.

Si les conflits sont inévitables dans un contexte de pression croissante sur les ressources naturelles, les recettes transmises aux huit (8) associations des ACCB ayant participé à cette formation comme Hin Dhôkoun permettent désormais d’envisager leur résolution dans un esprit de dialogue, de respect mutuel et de développement durable.

DANIEL ABOKI / ECO-BENIN