• Post category:Réserve du Mono
  • Dernière modification de la publication :15 septembre 2019

L’ONG Eco-Benin en partenariat avec la GIZ poursuit l’initiative de sacralisation des zones centrales de mangroves dans la Réserve de Biosphère du Delta Mono notamment du site de la Bouche du Roy. Ce jeudi 5 avril 2018, la délégation de cette organisation a été accueillie par les communautés locales du village de Yinhountinmè. Ce village faisant partie des 17 que compte la Réserve de la Bouche du Roy a été marqué ce jour par une cérémonie particulière de prière, d’animation de Zangbéto avec à la clé des démonstrations mystiques. Dans la région du delta Mono, le Vodoun Zangbéto est l’une des divinités les plus redoutables que tout le monde craint. Voilà pourquoi il a été spécialement choisi pour protéger les mangroves face aux menaces de coupe de cette espèce végétale par les populations riveraines. La population de Yinhountinmè fortement mobilisée a pu assister à cette cérémonie de sacralisation précédée par une campagne de sensibilisation.

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Au total deux sites de mangroves d’une superficie d’environ 21 hectares ont été mis sous la protection de la divinité Zangbéto, le gardien de nuit dans ce village. Cette volonté s’inscrit dans le cadre du renforcement des stratégies de préservation des ressources naturelles de la réserve la Bouche du Roy.
« La mangrove est importante pour nous. Elle constitue l’habitat pour nos ressources halieutiques, animales mais elle a également de valeurs médicinales. Nous utilisons ces feuilles pour préparer des tisanes pour nos enfants afin qu’ils soient toujours en bonne santé. C’est donc avec plaisir que nous allons jouer notre partition en tant que communauté locale » a laissé savoir Agbonon, le chef du culte et dignitaire du Vodoun Zangbéto.

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Yinhountinmè, le bon élève …

A Yinhountinmè, le fleuve Mono offre une belle vue et une facilité de navigation. C’est l’un des villages où on constate l’absence totale de l’utilisation des engins prohibés de pêche. Pas d’Acadja, de Mêdokpokonou, de Xa ni moins encore de Gbagbaloulou. Les sages de ce village avaient pris au sérieux l’enjeu de ces pratiques depuis les années 90. Ils avaient même élaboré des règles strictes de contrôle et de sanctions des mauvaises pratiques de pêche dans leur zone. Ils l’ont fait savoir, à travers une correspondance, en septembre 1994 au sous-préfet de la ville de Grand-Popo, aujourd’hui commune. L’initiative de préservation des écosystèmes de l’ONG Eco-Benin et ses partenaires et leurs efforts de sensibilisation sont donc les bienvenus à Yinhountinmè où les bonnes pratiques environnementales se transmettent de génération en génération. Aujourd’hui, les règles de gestion de la réserve la Bouche du Roy se trouvent dans la convention locale de l’Association Doukpo. Deux personnes du village Yinhountinmè font partie de cette association qui assure la conduite de cette réserve de biosphère.
Les pratiques endogènes de protection de la nature notamment des mangroves dans la réserve la Bouche du Roy intéresse plus d’un, et même au delà des frontières. Cette richesse culturelle valorisée par Eco-Bénin et ses partenaires sera visible prochainement sur VOYAGE TV. À ce jour, près 530 hectares de mangroves sont sous la protection de la divinité zangbéto. Dohi sera le prochain village où une zone de mangrove sera également sacralisée.

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Daniel Aboki