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  • Dernière modification de la publication :15 mai 2025

Du 16 avril au 7 mai 2025, au Centre Nonvignon, cinquante acteurs clés de la pêche maritime artisanale, composés de pêcheurs marins artisans et de mareyeuses, ont bénéficié d’une formation intensive sur la pêche responsable, la sécurité maritime et la gestion d’une entreprise de pêche. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la phase 2 du projet « Mangroves Économie », intitulée « Renforcement d’une économie résiliente et verte dans les zones de mangroves du sud-ouest du Bénin », mise en œuvre par l’ONG Eco-Bénin et son partenaire Village Monde avec l’appui financier du gouvernement du Québec, dans le cadre du Programme de Coopération Climatique International (PCCI).

Cette session de formation vise à renforcer les capacités locales pour une gestion durable des ressources halieutiques, tout en assurant la rentabilité à long terme des activités de pêche dans un contexte de raréfaction des ressources et d’insécurité croissante en mer.

Au Bénin, la pêche est à dominance artisanale et participe de ce fait à plus de 75% de la production nationale. La production totale est de 74 000 tonnes en 2022 (75% pour la PA) et les besoins du pays sont de 220 000 tonnes (couvert à 34%). On dénombre plus de 600 000 emplois directs ou indirects. La pêche maritime artisanale occupe 4305 pêcheurs recensés avec 26.900 personnes dépendantes de l’activité. Cette activité est confrontée à divers problèmes, dont la pêche illégale, l’insécurité en mer et bien d’autres.

Une sélection rigoureuse, inclusive et transparente

La constitution du groupe de bénéficiaires a suivi un processus de sélection structuré, transparent et inclusif. À la suite de la publication d’un avis à manifestation d’intérêt, 350 candidatures ont été reçues, dont 40 % de femmes. Une présélection de 113 candidats (dont 42 % de femmes) a été opérée sur dossier. Les candidats retenus ont ensuite été rencontrés lors d’entretiens individuels réalisés sur le terrain, dans les communes de Grand-Popo et Ouidah. Chaque entretien a permis d’évaluer la motivation, les connaissances et le profil des postulants, sur la base de critères objectifs. Les résultats ont abouti à un classement final. Au terme de ce processus rigoureux, 50 bénéficiaires ont été retenus, dont 45 % de femmes mareyeuses, marquant ainsi une avancée notable vers une meilleure représentativité féminine dans le secteur de la pêche artisanale.

Ce processus de sélection a été conduit avec dévouement par feue Sylvie Noumonvi, notre collègue engagée et pilier de ce projet. Elle a supervisé avec professionnalisme l’ensemble du dispositif de sélection des bénéficiaires et des formateurs. L’équipe d’Eco-Benin rend un hommage sincère à sa mémoire et à son engagement inestimable.

Une formation axée sur la durabilité et l’entrepreneuriat

Durant 13 jours de formation alternant apports théoriques, démonstrations pratiques, travaux de groupe et échanges d’expériences, les participants ont été initiés à dix modules essentiels pour la pérennité de leurs activités. Il s’agit entre autres : (1) connaissance des ressources halieutiques, (2) acteurs institutionnels et professionnels du secteur, (3) navigation et sécurité en mer, (4) pratiques de pêche responsable, (5) embarcation et engins de pêche, (6) gestion des pêcheries, (7) hygiène dans la transformation des produits, (8) commercialisation des produits de pêche, (9) gestion d’entreprise de pêche et (10) gouvernance des organisations professionnelles.

Les pêcheurs bénéficiaires ont été sensibilisés aux risques de la pêche non durable, à l’importance du repos biologique, aux règles régissant la pêche au Bénin, ainsi qu’aux techniques de sécurité et d’efficacité en mer. Les mareyeuses, de leur côté, ont reçu des outils de sensibilisation pour améliorer l’hygiène dans la transformation du poisson, éviter les achats de petits poissons, développer leur esprit entrepreneurial et adopter des pratiques d’épargne.

Des témoignages révélateurs d’un changement profond

Pour Hervé Landry Degboe, maître pêcheur à Ouidah, « Nous n’avions aucune connaissance des lois ni du repos biologique. Maintenant, nous comprenons que nos pratiques contribuent à la disparition des espèces. Cette formation est une véritable chance. »

Anastasie Sossou, mareyeuse à Grand-Popo, souligne : « Grâce à cette formation, nous savons désormais comment travailler proprement, valoriser les déchets de poissons, et mieux vendre nos produits. Nous avons aussi appris à épargner pour mieux investir. »

La formation s’est conclue par l’élaboration d’une feuille de route, incluant un programme de suivi individualisé, la création d’une plateforme d’échange entre bénéficiaires, et des visites régulières sur les lieux d’activités. Cette dynamique vise à pérenniser les acquis, renforcer l’impact local du projet et favoriser une transition vers une pêche artisanale plus résiliente, responsable et économiquement viable dans les zones de mangroves du sud-ouest du Bénin.

DEO-GRACIAS EDOH

DANIEL ABOKI

ECO-BENIN