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  • Dernière modification de la publication :9 août 2021

L’hôtel Golden Tulip le diplomate de Cotonou a abrité du 5 au 6 août 2021, l’atelier national de lancement du projet de « facilitation d’engagements pour la biodiversité – BIODEV2030 » et de restitution des résultats de l’évaluation et hiérarchisation des menaces sur la biodiversité au Bénin. Le présent atelier ayant connu la présence effective d’une cinquantaine de participants issus de l’administration publique, des institutions nationales, des structures de recherches, du secteur privé, des organisations de la société civile, des collectivités locales ainsi que des partenaires techniques et financiers vise à partager les résultats des évaluations de l’état de la biodiversité et des différentes menaces qui pèsent sur elles et d’identifier deux secteurs clés qui impactent le plus la biodiversité au Bénin.

La ratification de la convention sur la diversité biologique par le Bénin en juin 1994 témoigne de sa volonté politique manifeste à assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique. Cette volonté du pays s’est concrétisée par l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action nationale sur la biodiversité en vue d’arrêter la perte de la diversité biologique à l’horizon 2020. Malgré ces efforts, le Bénin continue d’enregistrer une perte de sa biodiversité.

C’est donc pour mettre l’homme face à ses responsabilités en tant qu’acteur de la dégradation et en même temps de la restauration des ressources biologiques qu’une nouvelle prospective a été énoncée sous forme de projet dénommé « BIODEV2030 ». Il a pour objectif de stopper le déclin de la biodiversité d’ici 2030 et à restaurer la biodiversité d’ici 2050. Le projet de « facilitation d’engagements pour la biodiversité – BIODEV2030 » est mis en œuvre au Bénin par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature UICN à travers le financement de l’Agence Française de Développement AFD avec le partenariat de l’Expertise France. L’UICN, pour une meilleure efficacité s’appuie dans son intervention au Bénin sur l’ONG Eco-Benin en collaboration avec le Point Focal – Convention sur la Diversité Biologique au Bénin.

Le Secrétaire Général du Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable, Monsieur Constant GODJO, dans son allocution d’ouverture de cet atelier, a réitéré la volonté du gouvernement béninois à prendre en compte la biodiversité dans toutes ses actions.

« Il est tant que les questions de la biodiversité deviennent un enjeu national a tous les niveaux pour assurer sa restauration et sa conservation. Chaque acteur fait partie de la solution. BIODEV2030 est une opportunité que mon pays le Bénin entend saisir pour sensibiliser les acteurs afin d’inverser la tendance de la dégradation de la biodiversité », Monsieur Constant GODJO, à l’ouverture de l’atelier national de lancement du projet BIODEV2030.

Pendant les dix-sept mois que durera le projet, BIODEV2030 créera les conditions d’un dialogue national impliquant les parties prenantes autour des secteurs économiques stratégiques et pertinents. Ce dialogue vise à catalyser les engagements volontaires nationaux et sectoriels concrets permettant de réduire les pressions sur la biodiversité au cours de la prochaine décennie. Voilà pourquoi, le Directeur de l’Agence Française de Développement AFD – Bénin, Monsieur Jérôme BERTHRAND-HARDY évoque la notion d’une démarche « participative », et en cela, il se réjouit de la participation des acteurs présents à l’atelier. Les contributions volontaires des acteurs constitueront un grand pas vers la construction d’objectif commun ambitieux en matière de la conservation de la diversité biologique.

 

Les secteurs clés qui influencent la biodiversité au Bénin sont identifiés …..   

La stratégie du projet BIODEV2030 pour enrayer le déclin de la biodiversité d’ici à 2030 et la restaurer d’ici à 2050 consiste à :

– S’attaquer aux causes du déclin en encourageant toutes les parties prenantes à s’engager pour sa préservation sur une base volontaire et des objectifs scientifiquement fondés ;

– Obtenir par pays l’engament d’au moins deux secteurs clés pour l’économie, de réduire leur pression sur la biodiversité en s’appuyant sur un diagnostic scientifique.

– Inciter l’ensemble des parties prenantes à prendre des engagements sectoriels volontaires pour enrayer la diminution de la biodiversité d’ici à 2030

Le présent atelier qui vise à lancer le projet BIODEV2030 a également permis aux participants d’examiner le rapport des résultats de l’évaluation sur le diagnostic concernant les principales causes de la perte de la biodiversité grâce à l’outil STAR. Cette étude réalisée par le Laboratoire d’Écologie Appliquée de l’Université d’Abomey-Calavi a été présentée aux participants par le Prof. Brice SINSIN, ancien recteur de l’Université d’Abomey-Calavi.

L’évaluation des écosystèmes habitats des divers groupes taxonomiques étudiés montre selon la revue de littérature une tendance à la régression de leur superficie entre 2005 et 2015. Quant à la diversité taxonomique le Bénin compte environ :

– 2807 espèces de plantes dont des 27 % connues et étudiées, 63 espèces sont en déclin. 106 espèces sont ménacées selon la liste rouge du Bénin contre 57 sur la liste rouge UICN

– 552 espèces de champignons supérieurs

– 30% de son avifaune assez diversifiée qui s’élève à 590 espèces d’oiseaux sont menacés d’extinction

– 157 espèces de mammifères (dont 2/3 de petits mammifères), avec un résultat d’évaluation montrant une stabilité

– 103 espèces de reptiles dont 23 menécés suivant la liste rouge du bénin et 12 suivant la liste UICN

–  221 espèces de poissons d’eau douce dont 5 considérées en danger critiques d’extinction,

– 136 espèces de poissons marins et saumâtres  avec une majorité de perciformes (74 espèces Selon les données obtenues à la Direction des Pêches, la pêche maritime industrielle fournit au total 69207,4 tonnes pour une moyenne de 4325,5 tonnes par an de 2003 à 2016

– 51 espèces d’amphibiens dont 6 menacées suivant la liste rouge du Bénin et un seul suivant la liste de UICN.

A l’unanimité, les données de littératures et les avis des experts indiquent une baisse de la population de ces espèces au cours du temps malgré la présence de plusieurs massifs forestiers et réserve de biodiversité représentant environ 25 % du territoire national.

L’Evaluation a été également faite à partir de la Mesure de réduction des menaces et de restauration des habitats des espèces (STAR). Ce type d’évaluation révèle que pour garantir une conservation durable de la biodiversité du Bénin il faut s’attaquer prioritairement aux menaces liées à la chasse et collecte d’animaux terrestres (21,5 % du score total de réduction des menaces), aux cultures annuelles et vivaces non ligneuses (19 % du score total de réduction des menaces), à l’élevage et élevage de bétail (15,6 % du score total de réduction des menaces) et les plantations de bois et de pâte à papier (11,4 % du score total de réduction des menaces). D’autres types de menaces comme effluents agricoles et forestiers (5,5 %), barrages et gestion / utilisation de l’eau (4,9%), exploitation forestière et récolte du bois (4,8%), mines et carrières (4,7%), logement et zones urbaines (3,1%) ont été également relevés et mériteraient une attention particulière dans toutes actions de réduction des menaces sur la diversité biologique au Bénin.

Le croissement de ces trois méthodologies enrichit par les échanges en atelier ressort qu’il faut engager le dialogue en tenant compte des menaces et secteurs économiques suivants par ordre de priorité:

– L’agriculture et aquaculture (secteur agricole et pêche)

– L’utilisation des ressources biologiques (secteur forestier : bois d’œuvre et PFNL),

– Le développement résidentiel et commercial (secteur de l’urbanisation).

Ces secteurs économiques à fort impact sur la biodiversité au Bénin serviront de base de référence pour le projet de « Facilitation d’Engagements pour la biodiversité – BIODEV2030 » pour réduction des pressions d’ici 2030.

À l’issu des travaux, les participants ont apprécié le contenu de l’outil STAR qui reste un outil nouveau. Ils souhaitent à cet effet que le consultant puisse poursuivre son action en organisant une session de formation à l’endroit de tous les participants au présent atelier. Les dernières recommandations consistent à élargir le groupe de travail multiacteur à d’autres structures telles que la direction générale de l’environnement et du climat, l’association des importateurs d’intrants agricoles, la douane, le ministère de l’économie et des finances, les banques etc.

Le comité de mise en œuvre du projet procèdera à l’analyse de ces recommandations  afin que toutes les parties prenantes soient impliquées dans la mise en œuvre du projet BIODEV2030.

Rappelons qu’en Afrique de l’Ouest, le projet BIODEV2030 est mis en œuvre au Benin, au Burkina-Faso, en Guinée et au Sénégal.

ABOKI DANIEL / ECO-BENIN

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