Dans le contexte du réchauffement climatique matérialisé par un raccourcissement de la saison pluvieuse avec pour impact direct les inondations, la destruction des cultures et la diminution de la productivité agricole, dans le sud-ouest du Bénin, les communes du département du Mono s’organisent. Une conférence de plaidoyer tenue à Grand-Popo a permis de renforcer l’intégration des technologies et innovations d’adaptation (TIA) et l’économie circulaire dans les documents de planification au niveau des collectivités territoriales décentralisées.
Dans le sud-ouest du Bénin, les communes du département du Mono subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Autrefois touchée par des inondations majeures tous les cinq à dix ans, la commune d’Athiémé connaît désormais ces catastrophes chaque année. Le constat est alarmant : la pression climatique s’intensifie dans le département du Mono, aggravant la dégradation des ressources naturelles et menaçant les moyens de subsistance des communautés rurales.
« Ce que nous faisons aujourd’hui déterminera notre capacité à atténuer ou à nous adapter aux effets du changement climatique. C’est pourquoi l’action humaine est cruciale dans cette lutte, et chacun doit y contribuer »,
rappelle Saturnin Kokou Dansou, maire de la commune d’Athiémé.
En réponse à ces bouleversements, une dynamique d’innovation et d’adaptation a été enclenchée. Sous l’impulsion de la préfecture du Mono avec l’accompagnement technique de l’ONG Eco-Benin, une stratégie de développement de l’économie circulaire à l’horizon 2030 a été élaborée dans le département du Mono. Ce document stratégique, validé par l’ensemble des parties prenantes le 26 mars 2024, repose sur cinq grandes orientations.
L’objectif : faire du Mono un pôle régional de développement durable, fondé sur l’économie circulaire et l’inclusion, tout en intégrant les technologies et innovations d’adaptation (TIA) aux changements climatiques.
Plaidoyer pour l’intégration des TIA dans les politiques locales
C’est dans cette dynamique qu’a été organisée, les 28 et 29 juillet 2025, une conférence de plaidoyer au Centre Nonvignon à Grand-Popo par l’ONG Eco-Benin et la préfecture du Mono. Cette rencontre visait à encourager l’intégration des Technologies et Innovations d’Adaptation (TIA) et l’économie circulaire dans les documents de planification des communes du Mono.
Autour de la table : les représentants de la préfecture, dont le Secrétaire Général, les maires et secrétaires exécutifs des communes, les directeurs du développement local et de la planification, le point focal économie circulaire de la Direction générale de l’Environnement et du Climat, des acteurs de la société civile intervenant dans le domaine de l’économie circulaire ou des changements climatiques, des agrofermiers et des professionnels des médias.
« Il est essentiel que les autorités locales s’approprient ces différents outils et les intègrent dans leurs projets et programmes de développement »,
a insisté Gautier Amoussou, coordonnateur national de l’ONG Eco-Benin.
De la théorie à la mise en œuvre
Lors des travaux, les participants ont identifié les moyens de financement et les partenaires potentiels pour la mise en œuvre de cette stratégie dont le coût global est estimé à deux milliards neuf cent soixante quinze mille quatre cent soixante mille (2 975 460 000 F) francs CFA soit environ quatre millions cinq cent mille (€4 500 000) euros, tout en assurant son alignement avec la feuille de route nationale de promotion de l’économie circulaire.
« Nous avons la responsabilité, en tant que démembrement du pouvoir d’État, de trouver les leviers pour intégrer l’économie circulaire dans nos plans de développement communal »,
a affirmé Arnaud Sègla AGON, Secrétaire Général du département du Mono, dans son discours d’ouverture officielle.
Plusieurs recommandations concrètes ont émergé de cette conférence :
- Mettre en place une commission départementale pour conseiller les communes sur la formulation de projets climatiques ;
- Consacrer au moins 2 % des budgets annuels des ONG, associations et collectivités comme contrepartie pour mobiliser des financements ;
- Capitaliser et répliquer les expériences pilotes réussies dans d’autres localités.
Le tournant d’une décision gouvernementale
La démarche locale rejoint les orientations nationales. Depuis le Conseil des ministres du 23 juillet 2025, les entreprises publiques sont désormais tenues d’intégrer les enjeux climatiques dans leurs stratégies de développement. Une mesure saluée par les acteurs du terrain.
Pour Dr Calixte Houssou, point focal de l’économie circulaire à la Direction Générale de l’Environnement et du Climat, cette décision gouvernementale marque un tournant :
« Qu’on le veuille ou non, nous subissons les effets des bouleversements climatiques. Aujourd’hui, il est clair que les plans de développement incluent désormais les volets liés à l’atténuation et à l’adaptation. Je salue cette initiative du gouvernement »
La conférence de plaidoyer a été rendue possible grâce au soutien financier du Programme de Coopération Climatique Internationale (PCCI) du gouvernement du Québec et de la Fondation Roi Baudouin, dans le cadre des projets (1) Mangroves Économie et (2) promotion de l’économie circulaire dans des agrofermes des communes du département du mono (AgroCir), consacrés à la promotion de l’économie circulaire dans les agrofermes du Mono.
Dans un contexte climatique de plus en plus contraignant, le département du Mono fait le pari de la résilience locale, de l’innovation et de l’inclusion. Un pari que seules la volonté politique et la mobilisation collective permettront de gagner.
Une déclaration commune pour sceller les engagements
Point d’orgue de cette conférence de plaidoyer, une déclaration commune a été élaborée et signée par l’ensemble des participants. Ce document marque un engagement collectif en faveur de l’intégration effective de l’économie circulaire et des technologies et innovations d’adaptation (TIA) aux changements climatiques dans les documents de planification communale.
Par cette déclaration, les acteurs territoriaux — autorités locales, représentants de l’État, société civile et partenaires techniques — s’engagent à traduire les orientations stratégiques en actions concrètes, à accompagner les communes dans la mise en œuvre et à œuvrer à la mobilisation de ressources pour soutenir cette transition écologique.
DANIEL ABOKI / ECO-BENIN